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Témoignage d’Alexandrine Denis

Photo d’Alexandrine Denis

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Quand Alexandrine Denis a reçu un diagnostic de début de cancer du sein, elle n’a pas été surprise. Pourquoi? Parce que son histoire familiale la prédestinait presque à coup sûr à être confrontée à la maladie. Elle a choisi de ne pas laisser le cancer prendre le dessus sur sa vie et a opté pour une mastectomie totale. Elle en retire du positif sur toute la ligne. Aujourd’hui, elle s’investit auprès d’autres femmes qui sont confrontées à une situation semblable en agissant comme patiente partenaire pour le programme Parole Onco.

Une histoire de famille

Le cancer du sein a presque toujours fait partie de la vie d’Alexandrine. Plusieurs membres de sa famille ont été confrontés à la maladie. Sa mère, qui a succombé en 2012, de même que d’un de ses oncles, plusieurs de ses tantes et cousines en ont été atteints. Un autre oncle a reçu un diagnostic de cancer de la prostate. Le dénominateur commun? La génétique. Tous sont porteurs de la mutation du gène BRCA2. D’un tempérament plutôt pragmatique, les deux pieds ancrés dans la réalité, Alexandrine a donc choisi d’investir de l’énergie là où elle pouvait exercer un contrôle. Elle s’est entraînée avec une discipline exemplaire et a adopté une alimentation saine. Pour le reste, consciente du fait qu’elle n’avait aucun pouvoir sur son historique familial, elle a réussi à lâcher prise.

« En 2017, on a détecté ce qui semblait être des calcifications, des petites taches, lors d’une mammographie préventive. Je savais que c’était un cancer », raconte-t-elle. La suite lui a donné raison. À 41 ans, elle n’avait jamais réfléchi à la possibilité de procéder à une mastectomie préventive des deux seins. C’est la Dre Louise Provencher qui lui a indiqué la voie à suivre.

Se donner du pouvoir

« C’était la décision la plus sensée pour moi. C’était une action que je pouvais poser pour avoir la paix d’esprit et ne pas avoir à gérer des récidives potentielles et d’enfiler les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie, explique-t-elle. Ma mère a été longtemps sous traitements, au détriment de sa qualité de vie. Je n’avais pas envie de gérer ma vie comme ça. »

La décision était d’autant plus naturelle qu’Alexandrine avait eu ses enfants jeune, avait allaité, était bien dans sa peau. Seul enjeu : la crainte de ne plus pouvoir s’entraîner, faute d’énergie, une peur qui s’est rapidement dissipée. En février, elle a donc subi une double chirurgie au cours de laquelle on lui a retiré ses seins et puis procédé à la reconstruction. « J’ai été chanceuse, puisque mon cancer était de stade 0, aucun ganglion n’était atteint. Je n’ai pas eu à prendre de médicaments par la suite et mon risque de développer un cancer du sein est désormais pratiquement nul. »

La trajectoire de vie d’Alexandrine prenait une tout autre couleur. « J’ai pris le pouvoir que je pouvais avoir sur la maladie, explique-t-elle. Cette décision-là est cohérente avec mes valeurs de santé. J’ai agi là où je pouvais changer quelque chose. C’est positif sur toute la ligne. »

Donner aux suivantes

Lorsqu’on lui a proposé d’agir en tant que patiente partenaire dans le cadre du programme Parole Onco, Alexandrine n’a pas hésité un seul instant. Ayant œuvré comme infirmière en santé mentale, elle a pu être témoin des retombées qu’apportent les échanges avec un pair aidant ou avec une personne qui a vécu une expérience similaire.

Amélie Duchesne en sait quelque chose. Elle a été l’une des premières à entrer en contact avec Alexandrine. Se sachant porteuse de la mutation du gène BRCA2, elle cherchait une façon d’aborder la question avec ses enfants. L’expérience d’Alexandrine lui aura été bénéfique et l’aura amenée à faire la paix avec cette situation. En parlant à cœur ouvert, en abordant la question de façon pragmatique, selon une perspective différente, Alexandrine aura permis à la jeune femme de faire un pas de plus vers une vie meilleure.

Dans le cadre de son engagement, elle a l’occasion d’aborder une foule de sujets avec celles qu’elle accompagne. Chacune a ses enjeux, ses craintes, ses préoccupations. Ce qui la motive? « Le partage d’une expérience positive. Si je peux faire apparaître de l’espoir parmi les avenues possibles, à travers un événement traumatisant, si je peux partager ma vision de la vie… Je trouve que c’est important! »

Au fil des rencontres, Alexandrine apaise, sème l’espoir, insuffle de la sérénité à des moments où quiconque perdrait ses repères. « Pour moi, les périodes de crise de la vie ne sont pas négatives. Elles peuvent être très inconfortables, bien sûr. Mais ce sont des moments charnières qui permettent de revoir notre approche de la vie, de nous réaligner par rapport à nos valeurs, de faire des choix différents. Je trouve que ce n’est pas beaucoup véhiculé dans notre société. On cherche à éviter les épreuves. Pourtant, c’est le potentiel d’être mieux, d’agir pour être bien et de changer les choses. Comme bénévole, je peux porter ce message pour aider d’autres femmes. J’y gagne moi aussi. »