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Témoignage d’Amélie Duchesne

Photo d’Amélie Duchesne

Le bonheur, ici et maintenant

Pleine de vitalité, pétillante, énergique, Amélie est de ces personnes qui trouvent du positif dans tout. Même dans l’adversité. Et de l’adversité, elle en aura connu beaucoup, en 2020. À travers une période plus qu’éprouvante, elle a été égale à elle-même : elle a choisi de vivre pleinement et de tirer le meilleur de ce que la vie lui apportait.

Jamais seule

Retour en arrière. En septembre 2019, Amélie et sa famille vivent un événement traumatisant : ils perdent leur maison, rasée par les flammes. Ils s’installent temporairement dans un appartement, en attendant que trouver une nouvelle résidence. « En février 2020, mon conjoint et moi relaxions, étendus. Mon conjoint avait posé sa main près de mes côtes. Il a senti une bosse. Elle était petite : on ne la sentait que lorsque je relevais mon bras », se souvient Amélie.

Rien pour céder à la panique. Elle n’avait que 35 ans, aucune histoire familiale de cancer. Mais tout de même. Elle a rapidement obtenu un rendez-vous avec son médecin de famille, qui a demandé qu’elle passe une mammographie et une échographie, question d’en avoir le cœur net. La mammographie n’a rien révélé d’anormal. C’est à l’échographie qu’Amélie a commencé à douter. « J’ai vu le visage de la radiologiste changer. Elle m’a dit que cette masse-là n’avait rien de catholique et qu’il fallait faire une biopsie rapidement. »

Nous sommes alors en mars 2020, un mois après la mauvaise découverte. La COVID-19 vient de débarquer au Québec. Tout a déboulé. En avril, quelques jours après qu’elle et sa famille aient emménagé dans leur nouvelle maison, Amélie passe une biopsie. On profite de l’intervention pour prélever un ganglion.

Le diagnostic tombe le 24 avril. Sa chirurgienne-oncologue, Dre Dominique Boudreault, lui explique le pronostic. Hormonodépendant, grade 2, pas de HR2… Des mots qui lui étaient jusqu’alors à peu près inconnus. « J’essaie d’enregistrer dans ma tête ce que la spécialiste m’explique, ma sœur, qui avait insisté pour m’y accompagner, aussi. On n’en retient que des bribes. C’est le choc. Puis la Dre Boudreault m’annonce que le ganglion prélevé lors de la biopsie est atteint. Deuxième choc. Pour moi, ce sont des micro-métastases. Le cancer s’est répandu. »

La chirurgienne-oncologue la rassure : la chirurgie sera mineure et elle pourra préserver le sein. Une bonne nouvelle. En revanche, Amélie devra suivre des traitements de chimiothérapie. Le choc ultime. « Pour moi, c’était la mort! J’avais en tête les images qu’on voit dans les films… J’ai la phobie des nausées! »

Au moment où Amélie avait l’impression que tout s’effondrait, la Dre Boudreault l’a regardée dans les yeux et lui a dit : « Je vais te guérir. Garde-le en tête tout au long de ton combat. » Amélie n’a jamais oublié. « Je la croyais. J’avais confiance. Dans les moments où je me sentais moins bien, je me souvenais de ses paroles. »

Amélie a été opérée le 13 mai. Puis elle a commencé la chimiothérapie. Au moment où l’ensemble du Québec vivait en mode « distanciation physique », Amélie allait livrer la plus grande bataille de sa vie. Seule. Physiquement. Mais pas émotivement. « Dans les faits, j’avais une armée autour de moi. Mon conjoint, mes enfants, ma famille, mes amis, bien sûr. Et quand je suis entrée au Centre des maladies du sein, j’ai réalisé que j’étais bien entourée. Toute l’équipe sur place était là pour adoucir l’épreuve. »

Amélie s’est découvert une force insoupçonnée. Et une volonté ferme de faire face. Pas question de se laisser la maladie miner son moral et lui faire perdre de précieux moments. La vie devait continuer et elle entendait bien la savourer pleinement.

Une rencontre apaisante

En octobre 2020, à la suite d’un test de dépistage génétique, Amélie apprend qu’elle est porteuse de la mutation du gène BRCA2, qui la prédispose au cancer du sein et, éventuellement, au cancer des ovaires. Nouveau revers. Risquer une récidive? Non, merci. La mastectomie totale s’impose à elle. « La vie était plus importante. J’avais peur, mais j’avais plus peur du cancer que de me faire réopérer. J’avais la possibilité de faire tout ce qui était possible pour contrer la maladie. »

Mais subsiste tout de même un sentiment de culpabilité. « J’ai peut-être transmis la même mutation à mes enfants. Sans le savoir, j’ai peut-être atteint la santé de mes enfants. C’est difficile à accepter! » Comment aborder la question avec eux, particulièrement avec sa grande de 10 ans? Son échange avec Alexandrine Denis, bénévole pour Parole Onco, un service de pairs aidants appuyé par la Fondation du CHU de Québec, lui aura été bénéfique.

En tant que « patiente partenaire » Alexandrine, elle-même porteuse de la mutation du gène BRCA2, l’amène à considérer les choses autrement et à trouver les bons mots pour en parler avec sa fille et à dédramatiser la situation. A-t-elle un contrôle sur le fait qu’elle a ce « défaut de fabrication »? Non. Se serait-elle privée de toutes les joies que lui apportent ses enfants? Certainement pas. Amélie a su trouver les mots. Un baume : en connaissant davantage leur risque, ils ont, en quelque sorte, une longueur d’avance sur la maladie. Ils seront étroitement suivis.

Un avenir rempli de lumière

Est-ce qu’elle aurait changé quelque chose à l’ensemble de son parcours? Non. Pas un iota. Elle a vécu une succession d’événements, qui ont exigé d’elle un série de deuils. Vrai. « Mais si mon conjoint n’avait pas senti la bosse à ce moment-là… Il m’a sauvé la vie! C’était une question de semaines, peut-être mois. »

C’est justement parce qu’elle se trouve chanceuse qu’elle s’investit en tant que porteur de lumière, cette année. Pour transformer l’épreuve en quelque chose de positif. C’est aussi pour apporter une contribution à un chantier qui est loin d’être terminé. « On entend dire que le cancer du sein, ça se traite bien, qu’il n’y a rien là, que ce n’est pas si grave. Mais c’est faux. Combien de femmes n’ont pas eu la chance que j’ai eue? C’est la recherche qui fait qu’on en guérit autant. En poursuivant la recherche, on pourrait sauver davantage de vies et mettre au point des traitements encore plus performants. »

Mais au-delà de la recherche, c’est un message plein d’espoir qu’Amélie veut propager. « Le mot lumière le dit : les événements, même les plus difficiles, peuvent apporter du positif et nous transformer pour le mieux. Je vis plus consciemment, dans l’ici, maintenant. J’ai de la chance. J’ai des enfants, j’ai retrouvé la santé. Mais j’ai été confrontée à l’idée de mourir. Ça m’a fait réaliser que, quand je vais partir, je veux être fière de moi et avoir accompli des belles choses, ici, présentement, maintenant. »